Ford suspend des travaux de construction d'une usine de batteries

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Publiée le 27 Sep 2023 09:11

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Ford suspend des travaux de construction d'une usine de batteries

Ford se pose de nombreuses questions sur la rentabilité de l’usine de batteries qu’elle envisage de construire à Marshall, dans le Michigan. Le constructeur américain préfère attendre avant de prendre une décision définitive. Il s’agit d’un net revers pour l’État du Michigan et les autorités locales, qui ont alloué au projet des centaines de millions de dollars de budget pour les travaux d’aménagement et d’accès au site, mais aussi pour des réductions d’impôts massives. Au total, les incitations s'élèvent à plus d'un milliard de dollars.

Ford a décidé de suspendre la construction d'une usine de batteries dans le Michigan

La raison de questions sur la rentabilité du site une fois opérationnel. Une décision qui n'a rien à voir avec la grève actuelle au sein du constructeur. Alors que l'industrie automobile américaine traverse une grande grève pour des augmentations de salaires, le constructeur veut se laisser plus de temps pour évaluer la rentabilité future de cette usine de batteries, qui doit être installée dans le Michigan. La valeur du projet est de plus de 3 milliards de dollars. Ford appuie sur le bouton « pause ». Le constructeur américain a annoncé lundi qu'il suspendait les travaux de construction d'une usine de batteries dans la ville de Marshall, dans le Michigan (nord des Etats-Unis). En cause : des doutes sur la rentabilité future du site, alors que l'industrie automobile américaine traverse une grève dure. Présenté mi-février, le projet, baptisé « BlueOval Battery Park Michigan », doit théoriquement être opérationnel en 2026, avec 2.500 emplois à la clef. « Nous suspendons les travaux et limitons les dépenses liées au projet Marshall jusqu'à ce que nous soyons confiants dans notre capacité à opérer l'usine de façon compétitive », a indiqué un porte-parole du groupe. "Nous n'avons pas encore pris notre décision définitive sur cet investissement." Ce porte-parole a également souligné qu'il n'y avait aucun lien entre cette décision et la grève en cours au sein du constructeur, en raison de l'absence d'accord avec le syndicat automobile l'UAW (United Auto Workers) sur une nouvelle convention collective et nouvelle convention salariale. Ford a décidé de suspendre la construction d'une usine de batteries dans le Michigan La construction d'usines pour voiture électrique fait l'objet de nombreuses subventions de Washington, et les salaires ne pèsent que peu dans les coûts de fabrication d'une ligne de batteries. La future usine emploiera toutefois des salariés syndiqués, dont les salaires dépendent des négociations en cours. Ce n’est pas le cas de la majorité des usines géantes en construction dans le pays, qui font l’objet de coentreprises. La « pause » de Ford sur ce projet de création d'emplois syndiqués peut donc aussi s'apparenter à un coup de pression dans les tractations salariales. C'est en tout cas comme cela que l'a interprété le dirigeant de l'UAW, Shawn Fain, qui a stigmatisé une manœuvre «honteuse» : « maintenant ils veulent nous menacer enfermant des usines qu'ils n'ont pas encore ouvertes », a-t-il réagi. La suspension de ce projet est en tout cas un revers pour l'Etat du Michigan et les autorités locales, qui ont promis des centaines de millions de dollars de budget pour des travaux d'aménagement et d'accès au site, mais aussi des abattements fiscaux colossaux. Au total, les incitatifs dépassent 1 milliard de dollars. Ford a promis un financement de 3,5 milliards de dollars consacrer pour BlueOval Battery Park Michigan. Mais dès le départ, ce projet d'usine a suscité la polémique dans le Michigan en raison du partenariat mis en place avec l'un des fleurons chinois des batteries électriques, Contemporary Amperex Technology (CATL), dont la technologie doit être exploitée sous licence. De nombreux élus républicains se sont opposés au partenariat, refusant de voir Ford s'aligner sur une entreprise chinoise. Pour les mêmes raisons, le gouverneur républicain de Virginie, Glenn Youngkin, avait indiqué en janvier dernier qu'il ne souhaitait pas que son Etat accueille l'usine. Le site est censé permettre à Ford de fabriquer des batteries à base de lithium, de fer et de phosphate (LFP), différentes des batteries actuellement utilisées par le groupe, qui reposent sur le nickel, du cobalt et du manganèse (NCM). Il s'agit d'un enjeu crucial pour le constructeur qui prévoit d'allouer au total 50 milliards de dollars à l'électrification de sa gamme de véhicules.

Un prêt énorme

En juin dernier, le gouvernement a accordé à Ford un prêt pouvant atteindre 9,2 milliards de dollars pour financer une usine de batteries électriques dans le Tennessee et deux autres usines dans le Kentucky, exploitées par BlueOval SK, une co-entreprise entre Ford et le groupe sud-coréen SK On. Ces projets sont censés créer 5 000 emplois dès la construction et 7 500 emplois une fois entrés dans la phase de production. Les batteries qui y seront fabriquées devraient alimenter les véhicules électriques des marques Ford et Lincoln. Le constructeur a annoncé en mars 2022 vouloir allouer un total de 50 milliards de dollars entre 2022 et 2026 pour électrifier sa gamme de véhicules. Il vise à produire 600 000 véhicules électriques par an d'ici la fin de l'année, et 2 millions d'ici fin 2026.


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